Certaines femmes seraient prêtes à tout pour que leurs seins retrouvent leur galbe d'antan. Mais l'idée de se faire poser des implants mammaires les rebute. Une nouvelle technique controversée, le transfert de gras, pourrait bientôt permettre à ces femmes de réaliser leur rêve.
Pour environ 5000$, elles pourraient utiliser le gras de leur culotte de cheval pour se faire grossir la poitrine. Un procédé encore interdit au Québec, mais pour combien de temps?
Dès l'automne, une nouvelle technique pourrait permettre aux femmes du Québec de subir un nouveau type de chirurgie esthétique: l'augmentation mammaire par transfert de gras.
Cette technique consiste à retirer des cellules graisseuses d'une partie du corps par liposuccion et à les injecter ensuite dans les seins. «La patiente n'a pas nécessairement besoin d'être très grosse. On peut retirer un peu de gras de sa culotte de cheval, de son ventre, de l'intérieur de ses cuisses ou de ses genoux», explique le président de l'Académie canadienne de chirurgie esthétique, le Dr Denis Bisson.
Cette technique a toutefois des limites. «La femme qui veut avoir des seins beaucoup plus gros ne pourra pas. Cette technique permet seulement d'augmenter la grosseur des seins d'une taille de bonnet. Mais elle permet surtout de retrouver de la fermeté», dit le Dr Bisson.
Même si l'augmentation mammaire par transfert de gras semble intéressante, elle n'est pas encore pratiquée au Québec, où le Collège des médecins ne la recommande pas.
Même si l'augmentation mammaire par transfert de gras semble intéressante, elle n'est pas encore pratiquée au Québec, où le Collège des médecins ne la recommande pas.
Aux États-Unis, l'augmentation mammaire par transfert de gras est interdite. Depuis la découverte de cette technique, en 1987, l'American Society of Plastic and Reconstructive Surgeons (ASPRS) s'y oppose. Elle affirme que cette pratique est dangereuse, car elle augmente la difficulté de détecter les cancers du sein.
«Quand on injecte du gras dans le sein, il se crée des microcalcifications. C'est un peu comme des cicatrices dans le sein. C'est ce qui pourrait nuire à la détection de cancer, explique le Dr Bisson. Mais toute opération au sein crée des microcalcifications. De l'enlèvement d'un kyste à la pose d'implants, les opérations laissent des traces. Je ne comprends pas pourquoi le transfert de gras serait plus dangereux.»
Même si elles créent elles aussi des microcalcifications, plusieurs interventions, comme la réduction mammaire, ne sont pas bannies pour autant. Le transfert de gras est d'ailleurs déjà utilisé pour corriger l'apparence d'un implant mammaire ou reconstruire un sein après une mastectomie. Mais lorsqu'il s'agit d'une simple augmentation mammaire, le transfert de gras n'est pas autorisé. Pour le Dr Bisson, aucune raison scientifique ne justifie cette interdiction. «Je le répète, l'augmentation mammaire par greffe de gras n'est pas plus dangereuse que l'enlèvement d'un kyste.»
Des recherches étonnantes
Si la technique est actuellement interdite au Québec, la situation pourrait changer très bientôt. Car de récentes publications scientifiques sont venues montrer que le transfert de gras aux seins est sans danger.
Des recherches étonnantes
Si la technique est actuellement interdite au Québec, la situation pourrait changer très bientôt. Car de récentes publications scientifiques sont venues montrer que le transfert de gras aux seins est sans danger.
Sommité mondiale en matière de transfert de gras, le Dr Sydney R. Coleman, de New York, a publié une importante recherche dans la revue scientifique Plastic and Reconstructive Surgery Journal (PRSJ) en janvier dernier. Après avoir procédé à des transferts de gras chez 17 patientes, le Dr Coleman a conclu que la technique est fort prometteuse.
«Il y a une vingtaine d'années, un comité a décidé que les chirurgiens du monde entier ne devaient pas greffer du gras aux seins. Le comité prétextait que cela causerait des microcalcifications. Cette position a censuré toute discussion à propos du transfert de gras de 1987 à aujourd'hui et a empêché les femmes d'avoir accès à une technique potentiellement plus efficace que d'autres. Il est temps de mettre fin à cette prohibition», a écrit le Dr Coleman.
Quelques semaines plus tard, la radiologiste américaine Christine H. Murphy est venue appuyer le Dr Coleman. Dans un article publié dans le PRSJ, elle a assuré que le transfert de gras n'est pas un obstacle majeur à la détection des cancers du sein. D'autres médecins ont appuyé cette position.
Cette série d'articles a ébranlé le monde de la chirurgie esthétique. Au prochain congrès de l'American Society of Plastic Surgeons, en octobre, le milieu médical s'attend à ce que la position sur l'augmentation mammaire par transfert de gras soit révisée. «La technique pourrait être autorisée. Et si les Américains modifient leurs directives, le Québec suivra», affirme le Dr Bisson.
Cette décision ne sera pas sans conséquence pour les compagnies d'implants mammaires, qui font présentement fortune aux États-Unis. En 2007, plus de 400 000 implants ont été vendus au pays de l'Oncle Sam. Si le transfert de gras est recommandé, la popularité des implants mammaires pourrait diminuer.
Des clientes intéressées
Si l'augmentation mammaire par greffe de gras était autorisée au Québec, la Montréalaise Annie Trahan (nom fictif) n'hésiterait pas à y recourir. Âgée de 39 ans, mère de deux enfants de 5 et 1 an, elle veut se débarrasser de son ventre, qui a gardé des traces de ses deux grossesses, et aimerait que ses seins retrouvent leur fermeté.
Des clientes intéressées
Si l'augmentation mammaire par greffe de gras était autorisée au Québec, la Montréalaise Annie Trahan (nom fictif) n'hésiterait pas à y recourir. Âgée de 39 ans, mère de deux enfants de 5 et 1 an, elle veut se débarrasser de son ventre, qui a gardé des traces de ses deux grossesses, et aimerait que ses seins retrouvent leur fermeté.
«Je veux refaire mon corps pour qu'il redevienne comme il était avant que j'aie des enfants, dit-elle. Je veux reporter des bikinis.» Elle refuse d'envisager les implants mammaires. «Les implants, tu dois les refaire aux 10 ans. Ça ne me tente pas! Et surtout, je ne veux pas vraiment avoir de plus gros seins», dit-elle.
Quand Mme Trahan a appris l'existence de l'augmentation mammaire par greffe de gras, elle s'est immédiatement montrée intéressée: «Ce serait un deux pour un: mon ventre serait corrigé et mes seins aussi.»
Comme Mme Trahan, la majorité des femmes intéressées par le transfert de gras ont eu des enfants, selon le Dr Bisson. Le chirurgien explique que cette clientèle n'est pas la même que celle qui veut des implants: «Les femmes qui veulent un transfert de gras ne veulent pas nécessairement de plus gros seins. Elles veulent qu'ils soient plus fermes.»
Ces femmes savent que le transfert de gras a des limites. En moyenne, celles qui y ont recours conservent 70% de ce qui leur est injecté, mais le taux de rétention ne peut être assuré. «Certains chanceuses vont conserver 100% des cellules greffées et d'autres 0. Et puisqu'il s'agit de cellules graisseuses, elles vont fluctuer en fonction du poids de la personne au cours de sa vie. Quelqu'un qui maigrit beaucoup va perdre des seins», explique le Dr Bisson.
Actuellement, les Québécoises qui veulent subir cette opération peuvent aller à la clinique du Dr Coleman à New York. Elle leur coûtera toutefois près de 20 000$. En Europe, la technique est autorisée et est donc plus répandue et moins coûteuse.
Même si le transfert de gras comporte des inconvénients, Annie Trahan croit qu'il est temps que cette technique se répande au Québec. «Les femmes devraient pouvoir avoir ce choix», dit-elle.
Ariane Lacoursière
La Presse
La Presse
1 commentaire:
Je doit dire que je suis aussi pour le libre choix. Les femmes doivent être très bien informé afin de faire le choix qui leur convient le plus et voila. Pour ma part, je suis proteuse de prothèse et je suis très satisfaite de mon choix. Simplement BIEN choisir son chirugien. Un chirurgien avec étiques a qui ont fait confiance.
Dominique
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